Le dopage sportif

Partie IV

Dopage sportif : Aspects psychologique et sociaux.

Le dopage comme déviance

Il est tentant de caractériser le dopage comme une déviance. Si le sport est fondé sur le principe d'égalité des chances, le dopage est illégal et déviant puisqu'il cherche à faire bénéficier d'un avantage indu.

Le comportement déviant s'apprend par l'interaction avec d'autres personnes et se déroule dans un cadre restreint de relations personnelles. Le dopage est donc le résultat d'une coopération qui implique aussi bien les athlètes que les médecins ou les entraîneurs.

Dopage et conformité sportive

Comment définir la déviance ? Pour l'interprétation fonctionnaliste, la déviance est le rejet des buts culturels acceptés et des moyens légitimes d'y parvenir. La moralité est équivalente à la conformité au nom de l'acceptation des valeurs sociales et de la bonne socialisation. S'il y a déviance, c'est qu'il y a mauvaise socialisation ailleurs, des dysfonctionnements sociaux qu'il faudrait réparer.

En effet, dans l'arène sportive, si tricher ou se doper sont peut-être liés aux nouveaux enjeux du sport, ce sont aussi des applications du principe qui consiste à jouer aux limites de ce qui est autorisé par les arbitres et les règles. De plus, ce qui est déviant dans la société ne l'est pas dans le sport, et n'est pas vu comme tel par la société : la vitesse excessive, l'échange de coups, les échanges affectifs entre personnes du même sexe.

Déviance positive

Cette hyper-conformité nommée déviance positive. Pourquoi s'engage-t-on dans la déviance positive ? Pour deux raisons majeures : l'expérience est si satisfaisante qu'on veut la continuer le plus longtemps possible : on a plus de chance d'être intégré dans un groupe si on se conforme à ce modèle. Dans ce cadre, on ne voit pas qu'il y a déviance tant que l'identité est réaffirmée par les autres athlètes et les entraîneurs.

Qui a accepte mieux cette logique ?

Ceux qui ont une faible estime d'eux-mêmes et qui sont prêts à faire des sacrifices pour être acceptés et ceux qui pensent que le sport est le seul moyen de devenir important dans le monde social. C'est donc la vulnérabilité de l'athlète aux demandes du groupe (père et coach) qui l'amène à devenir hyper-conforme.

De plus, le développement des médecines alternatives assure une offre de produits qui jouent sur le décalage permanent entre les innovation et la connaissance scientifique, toujours limitée et en retard, des effets, ce qui entraîne un manque de crédibilité des messages éducatifs et la valorisation de l'automédication.

Le corps est un instrument de travail, la souffrance fait partie de l'expérience corporelle, de l'habitus (comportement d'un groupe social): les sports durs permettent de gagner sa vie et le dopage est un moyen légitime de le faire le mieux possible pour durer. Ces analyses voient le sportif comme un travailleur qui gère la durée de sa carrière, l'intensité de son travail, ses blessures, son stress, et voit dans le dopage un recours pour gagner ou rester et durer dans la carrière.

Les troubles de l'après carrière, ou ceux qui surgissent pendant la vie sportive, seront alors interprétés comme une addiction au travail musculaire ou comme des recherches du programme d'entraînement à remplir. Cette addition pourra aussi bien se traduire par pratique sportive intensive, une défonce toxicomaniaque, en clair des excès...

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