Partie II
L'histoire du dopage
Chronologie
Il est bien difficile de synthétiser une chronologie détaillée, mais pour votre plus grand bonheur nous avons décidés d'en faire une, la plus complète possible depuis nos lointains ancêtres jusqu'aux sportifs contemporains... A toute les époques les hommes ont cherché à améliorer leurs performances à l'aide de "potions magiques", de recettes, qui jusque dans les années 60 étaient artisanales... Mais le progrès est arrivé avec la recherche médicale et l'industrie pharmaceutique.
En fait malgré l'absence d'études faites sur les premiers homonoïdes, les premières représentations montrant l'ingestion directes de produits destinées à l'augmentation des capacités de l'organisme remonte 3000 ans environ avant notre ère. A l'époque, les vertus anti-fatigue de plantes comme l'éphédra (plante contenant un stimulant réputé : l'éphédrine) étaient parfaitement connues de plusieurs civilisations. En effet, les premières notions de dopage datent de l'Antiquité. L'Iliade et l'Odyssée sont riches en de tels exemples.
Au VIème-VIIème siècle avant notre ère, la prise de produits, à des fins de performance, connue certainement un essor considérable ainsi au VIème siècle avant J-C., les athlètes Grecs ingéraient déjà des viandes variées selon la discipline sportive qu'ils exerçaient :
- Les sauteurs mangeaient de la viande de chèvres
- Les boxeurs et les lanceurs, de la viande de taureau
- Les lutteurs quant à eux préféraient de la viande grasse de porc.
L'hydromel avait la faveur des Grecs et les Romains faisaient appel aux propriétés tonique des feuilles de sauge. En effet en 776 avant Jésus-Christ, les premiers rassemblements de sportifs, chanteurs, poètes... voient le jour à Olympie. Depuis cette date, les Jeux d'Olympie se succédèrent pendant des siècles tous les 4 ans. Dans l'intervalle de temps se déroulaient d'autres rassemblements compétitifs comme les jeux Delphiques ou Corinthiens. Chaque "période de rencontres" était un événement au point que tout s'arrêtait dans le pays. Même les guerres marquaient une trêve sacrée. La majorité de la population était concernée. Outre la couronne de laurier et l'huile sacrée, la victoire d'un athlète était accompagnée d'honneurs d'autant plus grands qu'ils rejaillissaient sur toute la province d'où il était originaire.
Dans ce contexte, la recherche d'un accroissement des performances était le but recherché des athlètes.
Si quelques régimes originaux (figues) ont été rapportés, la grande idée de l'époque était que la force dont il avait besoin, l'athlète devait la chercher dans les animaux. En mangeant leur chair, il pourrait s'accaparer leurs qualités. Le summum consistait à manger les testicules des animaux les plus forts. Nous verrons que cette pratique a été remise à la mode quelques dizaines de siècles plus tard. Elle est encore de mise dans certaines peuplades dites "primitives".
Dans d'autres contrées du monde, pendant encore quelques dizaines de siècles les populations primitives africaines partagent avec les populations amérindiennes ce besoin incoercible et permanent de dopants, c'est à dire de drogues capables d'accroître leur énergie physique et psychique, voir le potentiel sexuel des individus qui les consomment. Ainsi, les indigènes d'Amérique du Sud mâchaient les feuilles de coca, ceux d'Afrique la noix de Kola.
La noix de Kola (Afrique) était prisée pour ses vertus stimulantes ; les feuilles et les racines d'Iboga permettaient - selon le docteur Albert Schweitzer - aux indigènes du Gabon d'accomplir des efforts physiques sans ressentir les effets de la fatigue ; la feuille de coca donnait aux habitants des pays Andins (Pérou, Bolivie) la force de marcher des journées entières sans dormir ni manger...… Plus près de nous, les habitants du Tyrol usaient, pour eux et leurs animaux, de doses d'arsenic pour lutter contre la fatigue et les difficultés respiratoires.
Les lutteurs Bretons du XVéme siècle prenaient des engagements avant les luttes de ne pas utiliser des produits alors connues. Les terrassiers hollandais pratiquaient le "dooping" au 17ème siècle. Jusqu'aux années 70 les rugbyman mangeaient du (pour les avants) sangliers et (pour les 3/4) de la viande de biches.
Mais d'autres moyens étaient mis en œuvre déjà :
- Les athlètes allemands des jeux de 1936 connaissaient les amphétamines.
- Dans les année 80 l'hécatombe des coureurs cyclistes témoignait des "progrès" inquiétants du dopages.
De nos jours, pour parvenir aux niveaux supérieurs de la performance, l'athlète doit faire "le plein" de ses possibilités physiques.
Premières prises en compte du dopage en France
Le mot dopage est issu de l'anglais "To Dope" c'est à dire prendre un excitant.
- Ce terme est apparu en 1903, et figure sur le petit Larousse Illustré. Il est défini comme l'emploi d'excitants et les excitants eux-mêmes susceptibles au moment d'une course de donner au cheval une ardeur factice et momentanée. Il est précisé que le procédé est interdit par le code des courses et en toute occasion pour les chevaux militaires. Il semble donc que le milieu sportif avant d'essayer sur les hommes ait fait une expérimentation animale.
- En 1950, sur ce même Larousse, on trouve les mots "doper", "dopping" et "dopage" avec la définition suivante : c'est absorber un stimulant ou toute substance modifiant ou exaltant considérablement certaines propriétés avant de se présenter à un examen, une épreuve sportive. Cette définition a le mérite de montrer que le dopage n'est pas un domaine réservé au sport.
- En France, la 1ère loi sur le dopage date du 1er juin 1965, avec une définition très précise : (voir plus bas)
Cette première Loi sanctionnait pénalement l'utilisation intentionnelle par un sportif au cours ou en vue d'une compétition de l'une des substances visées dans le décret d'application du 10 juin 1966. Celle-ci prévoyait également que les prélèvements ne pouvaient se faire qu'à la demande d'un médecin agréé par le Ministre chargé des Sports.
Il faut signaler que les pouvoirs publics français ont réagi très tôt puisque la France a été avec la Belgique le premier pays à légiférer dans ce domaine.
Les différentes lois successives contre le dopage :
- La 1ère définition du Dopage sportif selon la Loi du 1er Juin 1965
- En effet, la loi du 1er juin 1965 considère comme dopé : "Quiconque aura en vue ou au cours d'une compétition sportive, utilisé sciemment l'une des substances déterminées par le règlement d'administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé".
Cette définition renvoie à une liste de substances très détaillée.
- En effet, la loi du 1er juin 1965 considère comme dopé : "Quiconque aura en vue ou au cours d'une compétition sportive, utilisé sciemment l'une des substances déterminées par le règlement d'administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé".
- Définition du dopage sportif selon la loi du 28 Juin 1989
- La persistance du phénomène Dopage et sa médiatisation ont conduit les pouvoirs publics à modifier la législation afin de la rendre très efficace : le nouveau texte est devenu la loi du 28 juin 1989 ou Loi Bambuck
- Est considéré comme dopage le fait au cours des compétitions et des manifestations sportives organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d'y participer (entraînements) :
- d'utiliser des substances ou procédés interdits
- d'administrer ou d'appliquer ces substances ou procédés (y compris aux animaux)
- d'inciter à leur usage ou d'en faciliter l'utilisation
- Selon la convention européenne du 16/11/89, on entend par dopage l'administration aux sportifs ou l'usage par ces derniers d'agents ou de méthodes de dopage interdits par les organisations sportives internationales et figurant sur des listes officiellement approuvées.
- La définition du dopage actuelle selon la loi du 23 mars 1999
- "Le dopage est défini par la loi comme l'utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d'un sportif. Font également partie du dopage les utilisations de produits ou de procédés destinés à masquer l'emploi de produits dopants. La liste des procédés et des substances dopantes mise à jour chaque année fait l'objet d'un arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé".
Les affaires récentes
- 1960 : suspicion de dopage du coureur cycliste danois Enemark mort à l'arrivée de la course des 100 km aux JO de Rome
- 1964 : contrôle de féminité des sœurs Press, lanceuses de poids
- 1967 : décès de Tom SIMPSON dans le Tour de France (amphétamines)
- 1968 : le CIO impose les premiers contrôles anti-dopage aux JO de Mexico
- 1976 : 2300 contrôles aux JO de Montréal 7 haltérophiles disqualifiés
- 1984 : JO de Los Angeles : 11 athlètes positifs et construction du 1er laboratoire de contrôle américain.
- 1988 : JO de Séoul, une dizaine d'athlètes déclarés positifs dont le célèbre Ben JOHNSON (aux anabolisants), disqualifié après sa victoire et son record du monde sur le 100m. Il sera par la suite récidiviste en 1993 et radié à vie
- 1994 : Jeux Asiatiques d'Hiroshima, 11 sportifs chinois dont 7 nageurs contrôlés positifs. Mais aussi, saisie record effectuée par les douanes de l'aéroport de Mexico de 50 tonnes d'Ephédrine, destinées aux laboratoires clandestins de Tijuana
- 1995 : Juste avant l'ouverture des championnats du Monde de CANTON, l'haltérophilie annonce 64 cas de dopage avérés pour 95 au niveau international
- En 1998, pendant le tour de France, apparaît au grand jour "l'Affaire Festina". Le Parlement vote alors le 23 mars 1999 une nouvelle loi, dite "Loi relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage".